Un caractère bien trempé : le modèle à capot long L 6500 de 1935

Le portable sonne. « Allô ? Oui, vous devez tourner ici puis prendre deux fois à droite. Je pensais vous l'avoir envoyé par mail. Oui, au revoir ! » Du Emil Bölling tout craché. Aucun temps mort, aucune pause. « Les soirées de repos ? – Je ne connais pas », répond-il. Soit dit en passant, cet octogénaire ne connaît pas non plus les peurs des gens de son âge vis-à-vis des technologies de communication modernes. Au prix de décennies d'un travail de fourmi, cet ingénieur civil facétieux a constitué l'une des collections de véhicules utilitaires les plus intéressantes qui soit.

Retour en arrière : été 1936. Emil n'a pas encore cinq ans. L'entreprise de transport de ses parents, implantée à Castrop (Westphalie, Allemagne) achète trois nouveaux camions. Le plus gros est un L 6500. Emil fait de la cabine sa salle de séjour : quand le chauffeur – prénommé Ernst – n'est pas au volant, le garçon y passe chaque minute de son temps libre. Le L 6500 de l'entreprise Bölling approvisionne les mines en sable, un moyen de lutte contre les incendies. Grâce à son moteur diesel sobre et fiable et à sa charge utile de 6,5 tonnes, le camion est l'un des piliers de l'entreprise ; il sera également la pierre angulaire de la future entreprise de travaux publics Bölling.